Que dois-je faire de mes millions ?

Conseil en finance Strasbourg
Reprendre un projet en difficultés
6 avril 2018
Placer son argent

Réflexions sur la trésorerie d’entreprise en période de taux directeurs bas.

Nous avons récemment effectué une mission portant sur la stratégie à mettre en place avec l’excédent de trésorerie du client. Cette mission nous a poussés hors des sentiers battus car la période de « taux négatifs » que nous vivons est inédite. Nous verrons dans cet article comment le raisonnement financier s’articule au niveau opérationnel et pourquoi l’autofinancement de ses besoins de trésorerie à court terme est une solution avantageuse.

Tout d’abord la règle d’or de la trésorerie : l’objectif « trésorerie zéro ». Cet objectif se base traditionnellement sur 2 facteurs clefs : le risque d’opportunité et celui de découvert. Le premier ne rapportant pas ce qu’il pourrait, le second coutant plus que nécessaire.

Nous étudirons ces deux risques sur une stratégie de gestion à court terme. Notre principale contrainte est de garder une liquidité à 1 mois. La question de la liquidité est clef. Il s’agit du délai minimum nécessaire avant de pouvoir récupérer les fonds investis.

Cette contrainte nous a amené à la deuxième règle d’or de l’investisseur, le risque. En effet tout investissement porte des risques. L’actualité vient régulièrement nous le rappeler même si certains professionnels l’oublient trop souvent (exemple récent de H20 filiale de Natixis). La règle est simple et illustrée ci-dessous : Plus la rentabilité est forte, plus le risque est fort et moins le placement est liquide et vice versa.

Pour notre réflexion à haute liquidité, nous voyons que la question de la faible rentabilité du placement se pose.

Écartons maintenant le risque de découvert qui est marginal. En effet, soit la gestion de trésorerie est juste et il est minimisé aux stricts aléas incontrôlables et nous ne rentrerons pas dans une modélisation de ce type ici. Soit, le plus souvent, il sera évité par une trésorerie excédentaire de sécurité. Même si nous voyons aujourd’hui certains clients dont les comptes courants doivent rémunérer la banque avec des taux d’intérêt « négatifs » de 0,1% à 0,25%, ce n’est pas encore une pratique répandue et ils sont encore majoritairement gratuits.

Se pose alors la question risque d’opportunité à court terme : comment placer un excédent de trésorerie et conserver une forte liquidité sans perdre (trop) d’argent ?

Dans le cas de notre client, deux possibilités se présentent in fine : placer le surplus de trésorerie ou autofinancer le besoin de financement à court terme.

Deux facteurs supplémentaires doivent être pris en compte : le premier est que le client finance la totalité de son besoin de financement à court terme par crédit bancaire. Le second est que l’excédent de trésorerie par la société a aussi un coût, il s’agit du WACC (Weighted average cost of capital ou en français coût pondéré du capital). Comme tous les taux, le WACC moyen aussi est en net recul ces dernières années. Une évaluation de KPMG de 2017 le montre et évalue une moyenne à 6,9% fin 2017. Ce chiffre a encore baissé en 2019 et sera d’autant plus bas que la société n’est pas cotée et son actionnariat familiale et/ou conservateur. C’est le cas de notre client.

Illustrons ces deux possibilités par un exemple :

  1. Placer l’excédent : D’une part, les coûts se composent du crédit de trésorerie à 1,6% (selon baromètre de meilleurtauxpro.com de mars 2018) et du WACC à 4,0%(1). D’autre part les propositions bancaires de placement sur ces mêmes échéances variaient de 0,1% à 0,3% (nous prendrons 0,2%). Finalement le taux est donc 5,4%.
  2. Autofinancement : Avec la réduction de l’endettement résultant de cette stratégie, le WACC augmente à 4,8%(2)

L’écart est donc de 0,6% en faveur de l’autofinancement. Cet avantage tend aujourd’hui à être comblé par les frais sur compte courant que les banques mettent en place même si ce n’est pas suffisant pour être dissuasif.

 

Guillaume Lupi

Associé finance opérationnelle

VEO Consulting

 

(1) En prenant un WACC à 4,4%, un gearing de 3, un taux d’impôt à 30% et en considérant que la dette supplémentaire (+7% pour notre exemple) fait augmenter le gearing à 4 cela fait baisser le WACC à 4,0%.

(2) En prenant un WACC à 4,4%, un gearing de 3, un taux d’impôt à 30% et en considérant que la dette se réduit de -7% pour notre exemple, cela fait baisser le gearing à 2,3 et augmenter le WACC à 4,8%.

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